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La vie privée, la diffamation et le RGPD dans les groupes privés numériques

À l’heure où les frontières entre réel et virtuel s’estompent, les espaces numériques privés ressemblent à des citadelles fragiles : des lieux où les mots deviennent armes, les données une monnaie d’échange, et l’intimité un idéal menacé. 
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Ces sanctuaires connectés, conçus pour abriter dialogues et solidarités, sont aussi le théâtre de batailles invisibles. Entre les murs cryptés des messageries ou les forums cloîtrés, chaque clic peut libérer des torrents de désinformation, éroder des réputations ou fracturer des vies – le tout sous le regard ambigu de lois aussi nécessaires que perfectibles, comme le RGPD.

La promesse d’un *havre numérique* se fissure face à un paradoxe moderne : comment bâtir la confiance dans un espace où l’anonymat protège autant qu’il corrompt ? Les utilisateurs, en quête d’authenticité, y déposent des fragments de leur identité, ignorant parfois que ces traces échappent à leur contrôle. Les algorithmes, gardiens opaques de ces royaumes, trient, analysent et stockent, tandis que la diffamation prospère dans l’ombre, exploitant les failles d’une gouvernance souvent improvisée.

Le RGPD, bouclier législatif né en 2018, impose une discipline nouvelle : il rappelle que derrière chaque pseudonyme se cache un visage, derrière chaque message, une responsabilité. Mais légiférer sur l’éther numérique revient à sculpter des nuages – les règles peinent à suivre l’évolution des tactiques de contournement. Les modérateurs, sentinelles malgré eux, naviguent entre Charybde et Scylla : supprimer un contenu, c’est risquer l’accusation de censure ; le tolérer, c’est s’exposer à des poursuites.


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L’avenir de ces citadelles dépendra d’une alchimie improbable : marier l’éthique aux lignes de code, l’humain à l’artificiel. L’IA, capable de traquer la haine en temps réel, pourrait-elle incarner un juste équilibre ? Ou deviendra-t-elle l’outil d’une surveillance généralisée, étouffant la spontanéité des échanges ? La réponse exige plus que des innovations techniques : elle nécessite un pacte social redéfini, où droits individuels et bien commun ne seraient plus adversaires, mais alliés face à l’hydre des dérives numériques.

I. La vie privée dans les groupes privés numériques : Un droit fondamental à l’épreuve du numérique

A. Définition et encadrement juridique

La vie privée numérique, un élément essentiel de la dignité humaine, est reconnue comme un droit fondamental par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. Ce droit est particulièrement pertinent dans le contexte actuel, où les technologies numériques façonnent les modes de communication et les interactions sociales.

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur en mai 2018, renforce cette protection en redéfinissant les obligations des plateformes numériques et les droits des utilisateurs en matière de données personnelles.

La vie privée numérique englobe la capacité des individus à contrôler et à gérer leurs données personnelles, qui peuvent inclure une vaste gamme d’informations telles que le nom, l’adresse, l’adresse IP, les photos, les messages et bien d’autres éléments permettant d’identifier une personne. Dans les groupes privés numériques, tels que WhatsApp, Facebook Groups et Discord, la protection de la vie privée prend une importance cruciale, car ces espaces de communication facilitent le partage d’informations sensibles entre membres, souvent considérés comme des cercles de confiance.

Le RGPD impose plusieurs principes fondamentaux qui doivent être respectés par les plateformes. Tout d’abord, le principe de licéité, de loyauté et de transparence exige que les données soient traitées de manière légale et que les utilisateurs soient informés de la manière dont leurs données seront utilisées.

Ce principe requiert également le consentement explicite des utilisateurs avant la collecte de leurs données. Ensuite, le principe de minimisation stipule que seules les données nécessaires à la finalité pour laquelle elles sont collectées peuvent être traitées.

Enfin, le principe de limitation de la conservation impose que les données soient supprimées une fois leur utilisation achevée, afin d’éviter toute utilisation abusive ou non autorisée des informations personnelles. En France, la loi Informatique et Libertés, modifiée en 2018 pour s’aligner sur le RGPD, renforce la protection des données personnelles.

Elle établit des sanctions sévères pour les violations de la vie privée et adapte les procédures de contrôle par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Ces réglementations visent à garantir que les droits des utilisateurs sont protégés dans un environnement numérique de plus en plus complexe et interconnecté.

B. Les défis de la confidentialité et de la sécurité

Malgré leur désignation de « groupes privés », les groupes numériques ne sont pas à l’abri des risques en matière de confidentialité et de sécurité. Les violations de données peuvent survenir de manière variée et souvent inattendue. Parmi les causes potentielles, on trouve des fuites accidentelles, telles que le partage d’écran lors d’une vidéoconférence ou l’envoi d’informations sensibles à un mauvais destinataire.

De plus, les cyberattaques, qui consistent en des piratages de comptes ou l’interception de messages, représentent une menace sérieuse pour la sécurité des données. Les utilisateurs peuvent également faire face à des abus de la part d’autres membres du groupe, comme la capture d’écran et le partage public d’échanges privés.

Le RGPD exige des plateformes qu’elles mettent en œuvre des mesures techniques et organisationnelles proportionnées pour protéger les données personnelles. Ces mesures doivent être adaptées à la nature des données traitées et aux risques encourus. Parmi ces mesures, le chiffrement de bout en bout est devenu une norme pour les applications de messagerie telles que WhatsApp. Ce processus garantit que seuls les utilisateurs impliqués dans la conversation peuvent accéder au contenu des échanges, rendant impossible l’accès par la plateforme elle-même.

L’authentification à deux facteurs est également un moyen efficace de sécuriser les comptes utilisateurs en ajoutant une couche supplémentaire de protection. De plus, la réalisation d’audits réguliers permet d’identifier les vulnérabilités potentielles et de mettre en œuvre des améliorations nécessaires pour renforcer la sécurité des données.

Un exemple marquant des risques liés à la sécurité des données est la fuite de données survenue en 2021, qui a exposé les informations de 533 millions d’utilisateurs de Facebook, y compris des numéros de téléphone et des informations de profil. Cet incident, bien qu’il ait eu lieu avant l’entrée en vigueur du RGPD, a conduit à de nombreuses plaintes auprès de la CNIL pour manquements à la sécurité.

Il illustre la nécessité d’une vigilance constante et d’un engagement proactif en matière de protection des données, tant pour les plateformes que pour les utilisateurs.

II. La diffamation dans les groupes privés numériques : Un délit aux multiples visages

A. Définition juridique et modalités

La diffamation est définie par l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, qui stipule qu’elle consiste en toute allégation ou imputation d’un fait précis portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne. Dans le contexte des groupes privés numériques, ce délit peut prendre plusieurs formes, ce qui complique la tâche des juristes et des législateurs.

Parmi les manifestations de la diffamation, on trouve les messages textuels contenant des accusations infondées dirigées contre un membre du groupe, le partage de photos ou de vidéos truquées visant à discréditer une personne, et les publications virales de fausses informations relayées, même au sein d’un cercle restreint.

Les groupes privés, bien qu’ils soient souvent perçus comme des espaces de discussion sécurisés, ne permettent pas l’impunité en matière de diffamation. Un cas pratique marquant s’est produit en 2020, lorsque qu’un salarié a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffamé son employeur dans un groupe WhatsApp professionnel.

Les messages dans lesquels il qualifiait l’entreprise de « frauduleuse » ont été jugés diffamatoires, et ce, malgré le caractère privé du groupe. Cette décision souligne l’importance de la responsabilité individuelle même dans des espaces considérés comme privés.

B. Articulation avec le RGPD : Quand la diffamation implique des données personnelles

La question se complique lorsque la diffamation s’appuie sur des données personnelles, par exemple, par la divulgation non consentie d’informations médicales. Dans de telles situations, deux violations distinctes peuvent être engagées : d’une part, une violation pénale, avec des sanctions prévues par la loi de 1881, pouvant atteindre 12 000 euros d’amende ; et d’autre part, une violation du RGPD, qui prohibe le traitement illicite de données sensibles. Les sanctions prévues par l’article 83 du RGPD peuvent aller jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial de la plateforme concernée, ce qui représente un risque financier considérable pour les entreprises.

Pour illustrer cette problématique, on peut évoquer la situation où un membre d’un groupe Facebook privé publie un document confidentiel révélant l’orientation sexuelle d’un individu. Cette action constitue à la fois un acte de diffamation, si le document contient des accusations fausses, et une violation du RGPD, en raison du traitement de données sensibles sans le consentement de la personne concernée. Les conséquences juridiques peuvent être lourdes pour les individus impliqués, mais également pour les plateformes qui hébergent ces contenus.

III. L’équilibre délicat entre vie privée et lutte contre la diffamation

A. Les outils juridiques pour concilier les deux impératifs

Pour trouver un équilibre entre la protection de la vie privée et la lutte contre la diffamation, plusieurs outils juridiques sont à la disposition des acteurs concernés. Le RGPD, par exemple, offre la possibilité de traiter des données personnelles pour modérer des contenus diffamatoires au titre de l’intérêt légitime, à condition que certaines conditions soient respectées. Cela signifie que les plateformes doivent s’assurer de ne pas collecter de données excessives, en se limitant à l’analyse des messages signalés plutôt qu’à l’ensemble des conversations.

De plus, il est crucial d’informer les utilisateurs de manière transparente sur les politiques de modération mises en place. Le droit à l’oubli, inscrit à l’article 17 du RGPD, constitue un autre outil juridique important. Il permet à une personne qui a été diffamée d’exiger la suppression des données la concernant, y compris dans des groupes privés.

Cependant, le défi reste de taille : la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a souligné que la modération ne doit pas entraver la liberté d’expression. Dans l’arrêt MTE et Index.hu c. Hongrie (2016), la CEDH a jugé que les plateformes ne peuvent être tenues responsables des contenus diffamatoires publiés par des utilisateurs, sauf en cas de négligence dans leur retrait.

B. Bonnes pratiques pour les plateformes

Pour mieux gérer la modération des contenus, les plateformes peuvent adopter plusieurs bonnes pratiques. L’implémentation de mécanismes de signalement simplifiés est essentielle. Cela permet aux utilisateurs de signaler un message qu’ils estiment diffamatoire en quelques clics, rendant le processus rapide et accessible.

De plus, des procédures transparentes doivent être établies pour examiner les signalements dans un délai raisonnable, idéalement sous 24 à 48 heures. Il est également crucial que les plateformes collaborent avec les autorités compétentes. Cela peut inclure la conservation temporaire des données des auteurs en cas d’enquête judiciaire, conformément à l’article 6-1-c du RGPD.

Par exemple, en 2022, Telegram a été amené à fournir à la justice française des données d’utilisateurs impliqués dans des groupes diffusant des contenus de haine. En parallèle, l’utilisation de technologies d’anonymisation, telles que le masquage automatique des noms et des photos dans les signalements, peut servir de protection pour les témoins, encourageant ainsi le signalement d’abus sans crainte de représailles.

IV. Rôles et responsabilités des acteurs : Une chaîne de responsabilité partagée

A. Les plateformes : Garantes de la conformité RGPD

Les plateformes numériques portent une responsabilité significative en matière de conformité au RGPD. Cela inclut la désignation d’un délégué à la protection des données (DPO), une exigence obligatoire pour les grandes entreprises. Le DPO joue un rôle essentiel en conseillant sur la conformité, en assurant la coopération avec la CNIL et en sensibilisant les utilisateurs à leurs droits et à la protection de leurs données.

Par ailleurs, la transparence et l’éducation des utilisateurs sont primordiales. Les plateformes doivent mettre à disposition des guides clairs sur les paramètres de confidentialité et les pratiques recommandées. Par exemple, WhatsApp offre des tutoriels pour aider les utilisateurs à limiter la visibilité de leurs groupes, renforçant ainsi leur sécurité.

En cas de manquement aux obligations de protection des données, des sanctions peuvent être appliquées. En 2023, Meta (Facebook) a été condamné à une amende de 1,2 milliard d’euros par l’Union européenne pour des transferts illégaux de données vers les États-Unis, rappelant ainsi l’importance cruciale du respect des réglementations en matière de protection des données.

B. Les utilisateurs : Acteurs responsables

Les utilisateurs jouent également un rôle actif dans la protection de leur vie privée et dans la lutte contre la diffamation. Ils doivent s’engager à vérifier la véracité des informations avant de les partager, en prenant conscience que la diffusion de fausses informations peut avoir des conséquences graves. Ils doivent également respecter les règles de modération établies dans les groupes afin de maintenir un environnement sain et sécurisé pour tous les membres.

Les utilisateurs disposent de droits importants en vertu du RGPD, tels que le droit d’accès et de rectification, qui leur permet d’obtenir une copie de leurs données ou de les corriger en cas d’inexactitude.

De plus, l’article 20 du RGPD leur confère le droit à la portabilité, c’est-à-dire la possibilité de transférer leurs données vers une autre plateforme. Un exemple concret illustre cette réalité : un utilisateur de LinkedIn a exercé son droit à l’effacement pour faire supprimer des commentaires diffamatoires publiés par un concurrent dans un groupe professionnel. Cette situation souligne l’importance pour les utilisateurs d’être proactifs dans la protection de leurs droits et de leur réputation.

V. Perspectives d’avenir et défis émergents

A. L’intelligence artificielle au service de la modération

L’émergence de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la modération des contenus pose de nouvelles questions éthiques et juridiques. Les outils d’IA, tels que les algorithmes de détection de discours haineux, peuvent avoir un impact significatif sur la manière dont les plateformes modèrent les contenus. Cependant, ces outils ne sont pas sans inconvénients.

Les biais algorithmiques peuvent entraîner des erreurs de modération, avec un risque de censure excessive ou, au contraire, de laxisme dans la surveillance des contenus. De plus, il est impératif que les traitements automatisés respectent le principe de licéité et permettent une intervention humaine, comme le stipule l’article 22 du RGPD. Par exemple, en 2021, Twitter a fait face à des critiques pour des erreurs de modération automatisée qui ont conduit à la suppression de contenus légitimes concernant la COVID-19. Cela démontre que, bien que l’IA puisse être un outil puissant pour la modération, elle ne peut pas remplacer le jugement humain et la nuance nécessaires pour évaluer le contexte des communications.

B. Vers un droit européen unifié ?

Les nouvelles réglementations, telles que le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), qui ont été mises en œuvre en 2023, marquent une étape importante dans la régulation des plateformes numériques.  Ces lois imposent des obligations de transparence, notamment la publication de rapports sur les activités de modération, et introduisent des sanctions accrues pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial pour les manquements aux règles. Ces régulations visent à garantir un niveau élevé de protection des utilisateurs tout en maintenant un équilibre avec la liberté d’expression.

C. Recommandations pour les utilisateurs

À l’ère numérique, il est capital que les utilisateurs adoptent des pratiques prudentes pour protéger leur vie privée dans les groupes numériques. Ils devraient veiller à paramétrer leurs groupes de manière à limiter les ajouts de nouveaux membres à l’approbation des administrateurs, afin de s’assurer que seuls des membres de confiance peuvent accéder aux informations partagées.

De plus, désactiver les options de partage externe, comme les captures d’écran, peut limiter le risque de diffusion non autorisée d’informations sensibles. Une vigilance accrue est également nécessaire. Les utilisateurs devraient envisager d’utiliser des pseudonymes dans des groupes sensibles pour protéger leur identité et signaler immédiatement tout contenu qu’ils jugent diffamatoire ou inapproprié. En étant proactifs et informés, les utilisateurs peuvent contribuer à un environnement numérique plus sûr et respectueux pour tous.

Pour lire une version plus complète de cet article sur la diffamation sur les plateformes, cliquez

Sources:

  1. Droit au respect de la vie privée et familiale – La Convention européenne des droits de l’homme
  2. Le règlement général sur la protection des données – RGPD | CNIL
  3. https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees/chapitre2#Article5
  4. https://www.cnil.fr/fr/definition/minimisation
  5. https://www.cnil.fr/fr/passer-laction/les-durees-de-conservation-des-donnees
  6. Mesures techniques et organisationnelles liées au RGPD pour protéger les données
  7. Facebook : Tout comprendre à la fuite de données qui concerne 533 millions d’utilisateurs
  8. https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees/chapitre3#Article17
  9. Commentaires injurieux laissés par les internautes : l’organe d’autorégulation et le portail d’actualités sur Internet propriétaires des sites concernés n’étaient pas responsables – Portal
  10. Numérique : le règlement sur les services numériques entre en vigueur | Ministère de l’Économie des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

Parasitisme : un quasi droit de propriété intellectuelle ?

Le parasitisme est un concept juridique qui suscite un intérêt croissant au sein des débats contemporains sur la propriété intellectuelle. Il se définit comme la pratique consistant à tirer profit des efforts, de la réputation ou du savoir-faire d’autrui, sans autorisation ni contrepartie, ce qui soulève des questions fondamentales sur les limites de la protection des droits intellectuels et de la concurrence loyale.

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En effet, dans un monde où l’innovation et la créativité sont des moteurs essentiels de la croissance économique, le phénomène du parasitisme met en lumière les tensions qui peuvent exister entre la protection des droits d’auteur, des marques et des brevets d’une part, et le besoin de garantir une concurrence saine et loyale sur les marchés d’autre part.

Historiquement, le parasitisme est souvent associé à des pratiques telles que le « free riding », où un acteur économique profite des investissements d’un concurrent sans en assumer les coûts. Ce phénomène est particulièrement prévalent dans les secteurs où la notoriété et l’image de marque jouent un rôle clé, tels que la mode, la musique ou encore le cinéma. Par exemple, dans l’affaire « L’Oréal SA c. Bellure NV » (2009), la Cour de justice de l’Union européenne a été amenée à se prononcer sur la question de savoir si l’utilisation de noms de marque similaires pour des produits contrefaits pouvait constituer un acte de parasitisme. La Cour a jugé que la protection de la réputation d’une marque contre le parasitisme est essentielle pour préserver la confiance des consommateurs et garantir une concurrence loyale.


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L’impact du parasitisme ne se limite pas à la sphère économique ; il s’étend également à des questions de morale et d’éthique, remettant en question les valeurs fondamentales qui devraient guider les relations commerciales. Par exemple, la jurisprudence française a caractérisé et condamné la faute de parasitisme des sociétés Phoenix et Intersport, qui ont indûment capté la valeur économique identifiée et individualisée, fruit des investissements des sociétés Decathlon. Cette décision illustre comment le parasitisme peut nuire non seulement à la réputation d’une entreprise, mais également à l’ensemble d’un secteur, en faussant les règles du jeu concurrentiel.

Dans le cadre du droit français, le parasitisme est souvent considéré comme une atteinte à la concurrence déloyale, qui se manifeste par des actes de déloyauté à l’égard des concurrents. Selon l’article 1240 du Code civil, « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. ».

Cette disposition légale a été interprétée par la jurisprudence pour inclure des comportements parasitaires. Par exemple, dans un arrêt de la Cour de cassation, la cour a condamné une société qui avait imité le packaging d’un produit emblématique d’un concurrent, arguant que cette imitation avait pour but de profiter de la notoriété de la marque imitée, constitutive d’un acte de parasitisme.

En outre, le parasitisme soulève des questions complexes concernant la frontière entre l’imitation licite et illicite. La jurisprudence a développé des critères permettant d’évaluer la légitimité des pratiques commerciales, prenant en compte des éléments tels que l’originalité de l’œuvre, la notoriété de la marque en question et le risque de confusion dans l’esprit du consommateur. Cela témoigne d’un équilibre délicat à établir entre la protection des droits des créateurs et l’encouragement d’une saine concurrence sur le marché.

Ainsi, le parasitisme peut être perçu comme un quasi-droit de propriété intellectuelle, dans la mesure où il engendre des droits et des obligations pour les acteurs économiques. Il pose la question de savoir si la simple imitation ou l’exploitation des efforts d’autrui peut être justifiée au nom de la concurrence, ou si, au contraire, elle doit être réprimée pour protéger les droits des créateurs et des innovateurs. Cette interrogation est d’autant plus pertinente à l’heure où les nouvelles technologies et les plateformes numériques modifient les dynamiques du marché, rendant la détection et la répression du parasitisme plus complexes que jamais.

Le parasitisme représente un enjeu majeur dans le domaine du droit de la propriété intellectuelle. Il remet en question les fondements mêmes de la protection juridique des créations et des innovations, tout en mettant en lumière les enjeux de la concurrence sur un marché globalisé. La recherche d’un équilibre entre la protection des droits des créateurs et la préservation d’une concurrence loyale demeure un défi constant pour les juristes, les législateurs et les acteurs économiques, dans un contexte où les pratiques commerciales évoluent rapidement.

I. Le parasitisme : définition et fondements juridiques

A. Notion de parasitisme et distinctions avec d’autres concepts juridiques

  1. Définition et caractéristiques du parasitisme

Le parasitisme, dans le contexte du droit de la propriété intellectuelle et de la concurrence, se réfère à une pratique où une entreprise ou un individu exploite les efforts, la créativité ou la renommée d’un tiers, sans lui accorder de compensation ou de reconnaissance appropriée.

Cette conduite est souvent perçue comme une forme de concurrence déloyale, car elle s’appuie sur le travail et la réputation d’autres pour s’engager dans des pratiques commerciales profitables, tout en minimisant ou en ignorant les contributions initiales du créateur. En pratique, le parasitisme se manifeste souvent par la reproduction ou l’imitation d’un produit, d’une marque ou d’une œuvre sans autorisation. Cela peut inclure, par exemple, l’utilisation d’un slogan publicitaire qui a été popularisé par un concurrent, ou le lancement d’un produit qui imite de manière frappante le design d’un produit déjà établi sur le marché.

Ce comportement soulève des questions éthiques et juridiques, car il remet en cause les principes de loyauté et d’équité qui devraient régir les relations commerciales. Un exemple emblématique dans la jurisprudence française est l’affaire « L’Oréal c. Bellure », où la Cour de cassation a reconnu que des produits contrefaisant des marques célèbres pouvaient constituer un acte de parasitisme, car ils tiraient parti de la notoriété et des efforts publicitaires de L’Oréal. La Cour a affirmé que Bellure avait agi de manière déloyale en exploitant la réputation de L’Oréal pour promouvoir ses propres produits, sans en avoir créé la valeur ajoutée.

  1. Distinction entre parasitisme, contrefaçon et concurrence déloyale

Il est essentiel de distinguer le parasitisme des concepts de contrefaçon et de concurrence déloyale, bien que ces notions soient souvent interconnectées.

La contrefaçon, par définition, se réfère à l’utilisation non autorisée d’une œuvre protégée par des droits d’auteur, une marque déposée ou un brevet. Cela implique généralement une violation directe d’un droit de propriété intellectuelle établi, ce qui n’est pas toujours le cas dans le parasitisme. En effet, le parasitisme peut se produire dans des situations où il n’existe pas de droits formels en jeu.

La concurrence déloyale, quant à elle, englobe un éventail plus large de comportements commerciaux inéquitables, incluant la diffamation, la désinformation sur un concurrent ou encore l’usage de moyens déloyaux pour capter une clientèle.

Le parasitisme peut être considéré comme une sous-catégorie de la concurrence déloyale, se concentrant spécifiquement sur l’exploitation injuste de la réputation ou des efforts d’un concurrent. Un exemple illustratif pourrait être celui d’une entreprise qui lance un produit similaire à celui d’un concurrent, mais sans copier directement le design ou le slogan. Si cette entreprise parvient à attirer des clients en s’appuyant sur la notoriété de son concurrent, elle pourrait être accusée de parasitisme, même si elle ne viole pas de droits de propriété intellectuelle.

La jurisprudence française a reconnu cette distinction, notamment dans l’affaire « Société des Éditions Louis VUITTON c. A. B. », où la Cour a souligné que le simple fait de s’inspirer d’un produit reconnu ne constitue pas nécessairement un acte de contrefaçon, mais peut relever du parasitisme si l’intention de tirer profit de la renommée d’autrui est avérée.

B. Cadre juridique du parasitisme en France

  1. La jurisprudence : cas emblématiques et analyses

La jurisprudence française a joué un rôle déterminant dans la définition et la reconnaissance du parasitisme en tant que concept juridique. Plusieurs affaires notables illustrent cette dynamique. Le parasitisme publicitaire est une autre forme de parasitisme dans laquelle une entreprise utilise des éléments publicitaires appartenant à une autre entreprise pour tirer profit de sa notoriété. Cela inclut l’utilisation de formats publicitaires ou de slogans similaires à ceux d’un concurrent, créant ainsi une confusion dans l’esprit des consommateurs.

Dans une affaire récente (CA Paris, 3 avril 2024, n° 21/05018), une société a été condamnée pour avoir utilisé un terme et un format publicitaire similaires à ceux d’un concurrent, créant ainsi un risque de confusion chez les clients. Les juges ont considéré cet usage comme un acte de parasitisme, car l’entreprise fautive profitait de la réputation et des efforts publicitaires de son concurrent sans y avoir contribué.

Élargissement aux Associations et Organismes Publics

Cet élargissement est particulièrement notable dans les affaires où des organismes publics ou des associations ont été reconnus comme victimes de parasitisme. Par exemple, dans une affaire de 2024, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) a remporté un procès contre un laboratoire pharmaceutique qui utilisait ses découvertes sans y avoir contribué financièrement. La Cour d’appel de Paris a jugé que, même en l’absence d’un but lucratif, un organisme public peut engager une action en parasitisme pour protéger ses efforts et ses résultats scientifiques (CA Paris, 29 mars 2024, n° 23/10181).

Cette jurisprudence marque une rupture avec la définition traditionnelle, en admettant que des entités non commerciales peuvent également être protégées contre des actes parasitaires.

Cour d’appel de Paris – 16 octobre 2024 – CHANEL / JONAK

Les éléments constitutifs du parasitisme ont été considérés comme présents dans cette décision qui a fait grand bruit dans le secteur de la mode.

Chanel commercialise depuis de nombreuses années un modèle de chaussures dit « slingback » beige et noire. La société a également décliné la bandoulière « chaine » de son sac 2.55 sur de nombreux accessoires. Elle a considéré que JONAK portait atteinte à ses codes distinctifs et identitaires en commercialisant plusieurs souliers reprenant soit le code couleur beige à bout contrastant noir, soit une chaine entrelacée de cuir.

Chanel a réussi à établir devant la Cour une large connaissance de ses produits en cause par le public et à démontrer la valeur économique individualisée qui justifiait sa réclamation, notamment par le biais d’un sondage sur un panel de 500 femmes, une large exposition dans différents médias depuis de nombreuses années, une revue de presse conséquente, des investissements importants pour promouvoir ces souliers.

La condamnation de Jonak reste toutefois limitée à 150.000 euros au titre du préjudice économique, ce qui n’est sans doute pas en relation avec les investissements engagés et les bénéfices réalisés par Jonak.

  1. Les textes juridiques encadrant la notion de parasitisme

Bien que le parasitisme ne soit pas explicitement défini dans le Code de la propriété intellectuelle français, il est néanmoins encadré par des dispositions relatives à la concurrence déloyale et à la protection des droits de propriété intellectuelle.

Le parasitisme économique est une forme de déloyauté, constitutive d’une faute au sens de l’article 1240 du Code civil, qui consiste, pour un opérateur économique, à se placer dans le sillage d’un autre afin de tirer indûment profit de ses efforts, de son savoir-faire, de la notoriété acquise ou des investissements consentis est souvent invoqué dans des affaires de parasitisme. Cet article établit le principe de la responsabilité délictuelle, permettant aux victimes de parasitisme de demander réparation pour les préjudices subis.

  • Il appartient à celui qui se prétend victime d’actes de parasitisme d’identifier la valeur économique individualisée qu’il invoque : Le parasitisme implique la preuve d’une valeur économique identifiée et individualisée (Cass. com. 26-6-2024 no 22-17.647 FS-BR, Sté Intersport France c/ Sté Decathlon)
  • ainsi que la volonté d’un tiers de se placer dans son sillage

Celui qui se prétend victime de parasitisme économique doit démontrer l’existence d’une valeur économique identifiée et individualisée, condition préalable pour rechercher la responsabilité civile de celui qui, se plaçant dans son sillage, capte indûment ses efforts. (Cass. com. 26-6-2024 no 23-13.535 FS-BR, Sté Maisons du monde France c/ Sté Auchan e-commerce France ; Cass. com. 26-6-2024 no 22-17.647 FS-BR, Sté Intersport France c/ Sté Decathlon).

Par ailleurs, l’article L. 121-1 du Code de la consommation prohibe les pratiques commerciales trompeuses et déloyales, offrant ainsi une base juridique pour lutter contre des comportements parasitaires. La jurisprudence a également élargi ce cadre, comme en témoigne l’affaire « Société Célio c. Société des Éditions du Cerf » dans laquelle la Cour a affirmé que l’imitation d’un produit emblématique sans accord constituait une atteinte à la loyauté des pratiques commerciales, renforçant ainsi la lutte contre le parasitisme.

II. Les implications du parasitisme sur la propriété intellectuelle

A. Impact sur les droits des créateurs et des entreprises

  1. Les effets du parasitisme sur l’innovation et la créativité

Le parasitisme, en tant que pratique consistant à tirer profit des efforts d’autrui sans en avoir la légitimité, entraîne des répercussions profondes sur le paysage de l’innovation et de la créativité. Dans un contexte économique où l’innovation est souvent le moteur de la croissance, le parasitisme peut entraîner des conséquences délétères sur la capacité des entreprises à innover. L’innovation repose sur la volonté des créateurs et des entreprises d’investir dans la recherche et le développement (R&D). Lorsqu’une entreprise consacre des ressources considérables à la conception d’un produit ou d’un service, elle s’attend légitimement à en récolter les fruits. Cependant, le parasitisme peut réduire cet incitatif. En effet, la possibilité que des concurrents opportunistes imitent les innovations sans avoir à investir dans leur propre recherche peut décourager les entreprises d’explorer de nouvelles avenues créatives. Un exemple pertinent est celui de la société Apple. Dans les années 2000, Apple a lancé l’iPhone, un produit révolutionnaire qui a redéfini le marché des smartphones.

Cependant, le succès de l’iPhone a rapidement attiré l’attention de nombreuses entreprises concurrentes, qui ont commencé à produire des smartphones imitant le design et les fonctionnalités de l’iPhone. Ces imitations, souvent de moindre qualité, ont non seulement sapé les ventes d’Apple, mais ont également créé une confusion dans l’esprit des consommateurs. La réponse d’Apple a été de renforcer ses efforts en matière de protection de la propriété intellectuelle, en multipliant les dépôts de brevets et en engageant des poursuites judiciaires contre les entreprises qui enfreignaient ses droits.

  1. La réaction des créateurs face au parasitisme : stratégies de protection

Face à la menace du parasitisme, les créateurs et les entreprises doivent adopter des stratégies de protection robustes pour défendre leurs droits de propriété intellectuelle. Ces stratégies peuvent prendre plusieurs formes, allant de l’enregistrement de droits à la mise en place de politiques internes visant à prévenir le parasitisme.

Tout d’abord, l’enregistrement des droits de propriété intellectuelle constitue une étape essentielle pour protéger les créations. En France, le droit d’auteur protège automatiquement les œuvres originales dès leur création, mais les créateurs peuvent également choisir d’enregistrer leurs œuvres auprès de l’INPI pour renforcer leur position légale. Par exemple, l’enregistrement d’une marque permet à l’entreprise de revendiquer des droits exclusifs sur celle-ci et de poursuivre en justice quiconque tenterait de l’imiter.

De plus, les entreprises doivent sensibiliser leur personnel à l’importance de la protection de la propriété intellectuelle. Cela peut inclure la formation des employés sur les droits de propriété intellectuelle, la création de procédures pour signaler les cas suspects de parasitisme et l’adoption de politiques internes visant à protéger les secrets commerciaux.

Un exemple illustratif est celui de la société L’Oréal, qui a mis en place des équipes dédiées à la surveillance des contrefaçons et des pratiques parasitaires. En 2018, L’Oréal a engagé des poursuites contre plusieurs entreprises qui commercialisaient des produits de beauté contrefaits, utilisant des emballages similaires à ceux de L’Oréal. La Cour a statué en faveur de L’Oréal, renforçant ainsi l’idée que la protection de la propriété intellectuelle est essentielle pour préserver l’intégrité des marques et des produits.

B. Perspectives d’évolution et enjeux futurs

  1. Vers une évolution législative ? Propositions et débats

Les défis posés par le parasitisme et la contrefaçon ont incité les législateurs à envisager des évolutions législatives pour renforcer la protection de la propriété intellectuelle.

En France, plusieurs propositions ont été avancées pour adapter le cadre juridique aux nouvelles réalités économiques et technologiques. Un débat important concerne l’élargissement de la définition du parasitisme dans le cadre du droit de la concurrence déloyale. Actuellement, le parasitisme est souvent perçu à travers le prisme de la contrefaçon ou de l’imitation déloyale, mais une définition plus large pourrait inclure des pratiques telles que le détournement d’une clientèle ou l’usage abusif d’une réputation sans consentement. Cela pourrait permettre aux entreprises de mieux défendre leurs droits dans un contexte où les frontières entre le légitime et l’illégitime sont de plus en plus floues.

Un autre axe de réflexion pourrait consister à renforcer les sanctions à l’encontre des pratiques parasitaires. Actuellement, les sanctions pour contrefaçon peuvent varier considérablement en fonction de la gravité des actes et de la volonté des tribunaux de protéger les droits des créateurs. Des propositions ont été avancées pour établir un cadre de sanctions minimales afin de dissuader les comportements parasitaires, ce qui pourrait inclure des amendes significatives et des compensations pour les entreprises victimes.

Par ailleurs, le développement des technologies numériques et des plateformes en ligne pose des défis uniques en matière de parasitisme. Les législateurs doivent envisager des solutions pour mieux encadrer les pratiques commerciales sur ces plateformes, notamment en ce qui concerne la responsabilité des intermédiaires. Par exemple, la question de la responsabilité des sites de commerce électronique face à la vente de produits contrefaits ou imitant doit être clarifiée, afin que les créateurs puissent agir contre les plateformes facilitant ces pratiques.

  1. Les défis contemporains : numérique, globalisation et parasitisme

La globalisation et l’essor du numérique ont profondément modifié le paysage commercial, rendant le parasitisme plus répandu et difficile à combattre. Le commerce électronique permet à des entreprises du monde entier de vendre leurs produits sans présence physique sur le marché local, rendant ainsi plus complexe la traçabilité des contrefaçons et des imitations. En conséquence, les entreprises doivent faire face à un environnement où les produits contrefaits peuvent circuler librement, souvent sans que les consommateurs en soient conscients. Un exemple emblématique est celui des plateformes de vente en ligne comme Amazon, où des tiers peuvent vendre des produits qui imitent des marques célèbres.

Les entreprises doivent donc intensifier leurs efforts pour surveiller ces plateformes et protéger leurs droits. Cela peut inclure l’utilisation de technologies de détection de contrefaçon, telles que des algorithmes d’intelligence artificielle capables d’identifier des produits similaires à ceux d’une marque donnée.

De plus, la globalisation a également entraîné des disparités dans les législations nationales concernant la propriété intellectuelle. Alors que certaines régions, comme l’Union européenne, disposent de lois strictes sur la protection de la propriété intellectuelle, d’autres pays peuvent avoir des réglementations plus laxistes, ce qui complique la lutte contre le parasitisme à l’échelle mondiale. Les entreprises doivent donc naviguer dans un environnement juridique complexe et souvent inégal, ce qui peut affaiblir leur capacité à se défendre contre les pratiques parasitaires. La nécessité d’une coopération internationale est plus importante que jamais.

Les accords multilatéraux, tels que l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), offrent un cadre pour harmoniser les protections, mais leur mise en œuvre reste inégale. Les entreprises doivent ainsi plaider pour une meilleure coopération entre les gouvernements afin de renforcer les protections des droits de propriété intellectuelle à l’échelle mondiale.

Enfin, la montée en puissance des start-ups et des entreprises innovantes dans le secteur numérique pose également des défis. Ces entreprises, souvent à la pointe de l’innovation, doivent protéger leurs créations tout en naviguant dans un écosystème complexe où le parasitisme peut rapidement compromettre leurs efforts. Des initiatives telles que les incubateurs d’entreprises et les programmes de mentorat peuvent aider ces start-ups à mieux comprendre leurs droits et à développer des stratégies de protection efficaces.

Pour lire un article plus complet sur le parasitisme, cliquez

Sources :

  1. Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 26 juin 2024, 22-17.647 22-21.497, Publié au bulletin – Légifrance
  2. Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 26 juin 2024, 22-17.647 22-21.497, Publié au bulletin – Légifrance
  3. Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 5 janvier 2022, 19-23.701, Inédit – Légifrance
  4. L’arrêt de la Cour de justice du 18 juin 2009 | Cairn.info
  5. Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 16 février 2022, 20-13.542, Publié au bulletin – Légifrance
  6. Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 20 septembre 2016, 14-25.131, Publié au bulletin – Légifrance
  7. Cour de Cassation, Chambre commerciale, du 3 juillet 2001, 98-23.236 99-10.406, Publié au bulletin – Légifrance

Défis juridiques et pratiques concernant la protection des jeunes sur internet

À l’ère numérique, où les frontières entre le monde virtuel et la réalité physique s’estompent, la question de la protection des jeunes sur Internet prend une dimension cruciale.
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Les nouvelles technologies, en facilitant l’accès à une multitude d’informations et d’interactions, ont également engendré une série de défis inédits, notamment pour les plus jeunes, qui naviguent souvent dans cet environnement complexe sans une pleine compréhension des risques encourus.

Les enfants et adolescents, en tant qu’utilisateurs de ces plateformes, se retrouvent face à un océan d’opportunités, mais aussi à des dangers latents, allant des contenus inappropriés à l’interaction avec des individus malintentionnés. Dans ce contexte, il est impératif d’explorer les mécanismes juridiques et pratiques mis en place pour assurer la sécurité de ces jeunes internautes. Le cadre légal de la protection des mineurs sur Internet est à la fois vaste et nuancé, intégrant des lois nationales et internationales qui cherchent à établir un équilibre entre la protection des données personnelles des jeunes et leur droit à l’accès à l’information.


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Face à cette réalité, il devient impératif d’examiner les dispositifs juridiques et pratiques qui visent à protéger ces jeunes internautes. Le cadre juridique de la protection des mineurs sur Internet se révèle à la fois riche et complexe. Il est fondamental de comprendre quelles sont les prérogatives des parents et des enfants concernant la gestion de leurs données personnelles. Par exemple, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) institue des règles strictes quant au traitement des données des mineurs, disposant que le consentement parental est requis pour les enfants de moins de 16 ans. Cette disposition souligne l’importance d’un encadrement légal qui vise à garantir la sécurité des jeunes en ligne tout en respectant leur droit à la vie privée.

Les parents, en tant que premiers gardiens de la sécurité de leurs enfants, se trouvent souvent dans une position délicate. Ils doivent jongler entre le besoin de surveiller les activités en ligne de leurs enfants et le respect de leur indépendance. Dans ce cadre, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) a élaboré un ensemble de recommandations visant à fournir aux parents des outils et des stratégies pour mieux protéger leurs enfants. Ces recommandations englobent une approche éducative, promouvant des pratiques responsables et éclairées en matière d’utilisation d’Internet. Par exemple, l’utilisation de logiciels de contrôle parental se présente comme une solution efficace pour limiter l’accès à des contenus inappropriés. Cependant, il est essentiel que ces outils soient accompagnés d’une sensibilisation accrue des jeunes à la gestion de leur identité numérique et à l’importance de leur sécurité en ligne. Toutefois, malgré ces efforts, un défi majeur persiste : le contrôle de l’âge sur Internet.

Les méthodes actuelles de vérification de l’âge des utilisateurs se révèlent souvent inadéquates, et les plateformes numériques ont la responsabilité de garantir que les jeunes utilisateurs ne soient pas exposés à des contenus inappropriés. La question se pose alors : comment renforcer ces dispositifs de contrôle tout en préservant la vie privée des utilisateurs ? Cette interrogation met en lumière la nécessité d’adopter des solutions innovantes et harmonisées pour protéger efficacement les mineurs dans un environnement numérique en constante évolution. Dans cette étude, nous nous proposons d’explorer en profondeur le cadre juridique de la protection des mineurs sur Internet, en analysant les droits et obligations des parents et des enfants concernant la gestion de leurs données personnelles.

Nous examinerons également les recommandations de la CNIL, en mettant en avant les pratiques proposées pour garantir la sécurité des jeunes internautes. Enfin, nous aborderons les outils et défis associés au contrôle de l’âge sur Internet, dans le but de dégager des pistes de réflexion pour améliorer la protection des mineurs dans le cyberespace. Cette démarche analytique se veut également constructive, visant à concilier protection juridique et responsabilisation individuelle, afin d’assurer un avenir numérique plus sûr pour les générations futures.

I. Le cadre juridique de la protection des mineurs sur Internet

A. Les droits et responsabilités des parents et des enfants en matière de données personnelles

  1. Règlementation sur le traitement des données des mineurs (RGPD)

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui est entré en vigueur en mai 2018, représente une avancée significative dans la protection des données personnelles au sein de l’Union Européenne. Ce règlement vise à répondre à la montée des préoccupations concernant la vie privée des utilisateurs, en particulier celle des mineurs, qui sont souvent plus vulnérables aux abus en ligne. En vertu du RGPD, il est clairement écrit que le traitement des données personnelles des individus de moins de 16 ans nécessite le consentement explicite d’un parent ou d’un tuteur légal.

Ce cadre juridique souligne l’importance de la responsabilité parentale dans la protection des jeunes internautes, qui, pour leur part, doivent être accompagnés dans la compréhension des enjeux liés à leurs données. Le RGPD impose aux entreprises de respecter plusieurs principes fondamentaux lors du traitement des données des mineurs. Parmi eux, l’exigence de transparence est primordiale. Les entreprises doivent fournir des informations claires et compréhensibles concernant le traitement des données, notamment en expliquant les finalités pour lesquelles les données sont collectées, la durée de leur conservation, ainsi que les droits dont disposent les utilisateurs.

Ce dernier point est essentiel, car il permet aux mineurs et à leurs parents de comprendre comment leurs informations peuvent être utilisées et de revendiquer leurs droits, tels que le droit d’accès, de rectification et d’effacement des données. En cas de non-respect de ces exigences, les entreprises peuvent se voir infliger des sanctions financières importantes, soulignant ainsi la gravité des enjeux liés à la protection des données.

En outre, le RGPD impose aux entreprises de mettre en œuvre des mesures de sécurité appropriées pour protéger les données des mineurs. Cela inclut des protocoles techniques et organisationnels destinés à prévenir l’accès non autorisé, la divulgation ou la perte de données. Par exemple, les entreprises doivent s’assurer que les informations sensibles sont cryptées et que seules les personnes autorisées peuvent y accéder. Ce cadre juridique vise à établir un environnement numérique plus sûr pour les jeunes utilisateurs, tout en responsabilisant les entreprises quant à la gestion de leurs données.

  1. Rôle des parents dans la gestion des données et la surveillance des activités en ligne

Les parents jouent un rôle central dans la protection de leurs enfants sur Internet. Ils sont non seulement responsables de donner leur consentement pour le traitement des données, mais ils doivent également veiller à ce que les plateformes et services en ligne respectent les droits de leurs enfants. Cela nécessite une vigilance constante et une implication active dans les activités en ligne des jeunes.

Les parents doivent être proactifs dans l’éducation de leurs enfants sur l’utilisation sécurisée d’Internet. Cela implique de les sensibiliser aux dangers potentiels, tels que le partage excessif d’informations personnelles, les interactions avec des inconnus, ou encore les risques associés aux contenus inappropriés. Il est également crucial que les parents comprennent les plateformes et les applications que leurs enfants utilisent. Cela leur permet de discuter des risques associés avec leurs enfants et de les aider à développer un sens critique face aux contenus qu’ils rencontrent. Par exemple, des discussions sur la nature des réseaux sociaux, les implications de la publication de photos ou de vidéos en ligne, et les dangers du cyberharcèlement peuvent fournir aux enfants les outils nécessaires pour naviguer en toute sécurité sur Internet.

Les parents sont encouragés à utiliser des outils de contrôle parental pour surveiller les activités en ligne de leurs enfants. Ces outils peuvent inclure des filtres de contenu, des limites de temps d’écran, et des fonctionnalités de suivi des activités. Par exemple, les logiciels de contrôle parental permettent aux parents de bloquer l’accès à certains sites web, d’établir des horaires d’utilisation d’Internet, et de recevoir des rapports sur les activités en ligne de leurs enfants. Toutefois, il est essentiel que l’utilisation de ces outils soit accompagnée d’un dialogue ouvert entre parents et enfants. Une approche basée sur la confiance et la communication est plus efficace que la simple surveillance, car elle encourage les jeunes à partager leurs préoccupations et à poser des questions sur leur sécurité en ligne.

B. Les enjeux de la vie privée et de l’autonomie des mineurs

  1. Droit à la vie privée des mineurs

Le droit à la vie privée est un principe fondamental qui doit être respecté, même dans le contexte de la protection des mineurs en ligne. Bien que les parents aient la responsabilité de protéger leurs enfants, il est également crucial de respecter leur vie privée et leur autonomie. Les mineurs, en grandissant, cherchent à développer leur identité et à affirmer leur indépendance. Cela inclut leur capacité à gérer leurs informations personnelles et à naviguer dans le monde numérique de manière autonome. Le RGPD reconnaît ce droit à la vie privée, mais il est nécessaire que les parents et les tuteurs équilibrent leur rôle protecteur avec le respect des souhaits et des besoins de leurs enfants. L’un des défis majeurs réside dans la manière dont les parents peuvent surveiller les activités en ligne de leurs enfants sans empiéter sur leur vie privée. Il est essentiel que les parents expliquent à leurs enfants pourquoi certaines mesures de protection sont mises en place et comment cela vise à garantir leur sécurité. Cela permet aux enfants de comprendre que la surveillance n’est pas une forme de contrôle, mais plutôt un moyen de les aider à évoluer dans un environnement numérique sûr.

  1. Autonomie des mineurs et consentement

Le concept d’autonomie est particulièrement pertinent lorsqu’il s’agit du consentement donné pour le traitement des données personnelles. Le RGPD stipule que les mineurs de moins de 16 ans ne peuvent pas donner leur consentement sans l’accord d’un parent ou d’un tuteur. Cependant, les jeunes de plus de 16 ans ont la capacité de consentir eux-mêmes à la collecte et au traitement de leurs données. Cela soulève des questions sur la manière dont les parents peuvent guider leurs adolescents vers une utilisation responsable des services en ligne tout en respectant leur désir d’autonomie. Il est important que les parents engagent des discussions ouvertes sur la gestion de leurs données personnelles, les plateformes qu’ils utilisent, ainsi que les implications de leur utilisation.

En encourageant les adolescents à poser des questions et à exprimer leurs préoccupations, les parents peuvent les aider à prendre des décisions éclairées concernant leur vie privée en ligne. Ce dialogue est fondamental pour développer un sens critique chez les jeunes et les préparer à naviguer dans un monde numérique complexe. En somme, le cadre juridique de la protection des mineurs sur Internet, notamment à travers le RGPD, met en lumière les droits et responsabilités des parents et des enfants en matière de données personnelles. Il est essentiel que les parents jouent un rôle actif et informé, tout en respectant la vie privée et l’autonomie de leurs enfants. Une approche équilibrée, fondée sur la communication et la confiance, est nécessaire pour garantir la sécurité des jeunes internautes dans un environnement numérique en constante évolution.

II. Pratiques et recommandations de la CNIL pour la sécurité des jeunes internautes

A. Les recommandations de la CNIL

  1. Éducation à l’usage responsable d’Internet

La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) souligne l’importance d’une éducation solide à l’usage responsable d’Internet pour les jeunes. Cela commence par la sensibilisation des enfants et des adolescents aux enjeux de la vie privée et à la protection de leurs données personnelles. Les parents, les éducateurs et les autorités scolaires doivent travailler ensemble pour intégrer des programmes d’éducation numérique dans les curricula scolaires. Ces programmes devraient inclure des sujets tels que :

– Les droits des utilisateurs : Informer les jeunes de leurs droits en matière de données personnelles, comme le droit d’accès, de rectification, et d’effacement de leurs données. Cela les aide à comprendre que le contrôle de leurs informations personnelles est essentiel.

– Les risques en ligne : Expliquer les dangers potentiels associés à l’utilisation d’Internet, tels que le cyberharcèlement, l’usurpation d’identité, et les contenus inappropriés. Les jeunes doivent être capables d’identifier ces risques et de savoir comment réagir.

– La gestion de l’image en ligne : Enseigner aux jeunes comment gérer leur empreinte numérique, en leur montrant l’importance de réfléchir avant de partager des informations personnelles ou des photos sur les réseaux sociaux. Cela inclut également la sensibilisation à la notion de « réputation numérique » et à la manière dont leurs actions en ligne peuvent avoir des conséquences à long terme.

– Les comportements responsables : Promouvoir des comportements éthiques en ligne, encourager les jeunes à respecter les autres, à ne pas diffuser de fausses informations, et à signaler tout comportement inapproprié qu’ils pourraient rencontrer. L’éducation à l’usage responsable d’Internet est un processus continu. Les jeunes doivent être encouragés à poser des questions et à discuter ouvertement de leurs expériences en ligne. Cela crée un environnement de confiance où ils se sentent à l’aise de partager leurs préoccupations avec les adultes.

  1. Outils de contrôle parental et dispositifs de sécurité

La CNIL recommande également l’utilisation d’outils de contrôle parental et de dispositifs de sécurité pour aider à protéger les jeunes internautes. Ces outils permettent aux parents de surveiller et de limiter l’accès de leurs enfants à certains contenus en ligne. Parmi les recommandations spécifiques figurent :

– Installation de logiciels de contrôle parental : Les parents devraient envisager d’installer des logiciels qui permettent de filtrer les contenus inappropriés, de limiter le temps d’écran, et de surveiller les activités en ligne. Ces outils peuvent également bloquer l’accès à des sites web ou des applications jugés non adaptés à l’âge de l’utilisateur.

– Paramétrage des paramètres de confidentialité : La CNIL encourage les parents à aider leurs enfants à configurer les paramètres de confidentialité de leurs comptes sur les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne. Cela inclut la gestion des informations visibles par le public et le contrôle des demandes d’amis.

– Établissement de règles claires : Les parents devraient établir des règles concernant l’utilisation d’Internet, y compris les horaires d’utilisation, les types de contenus autorisés, et les comportements attendus en ligne. Ces règles doivent être discutées avec les enfants pour qu’ils comprennent leur importance.

– Encouragement au dialogue : Il est crucial que les parents encouragent un dialogue ouvert sur l’utilisation d’Internet. Les enfants doivent se sentir libres de discuter de leurs expériences en ligne, des contenus qu’ils rencontrent et des interactions qu’ils ont sur les réseaux sociaux. Cela permet aux parents de mieux comprendre le monde numérique dans lequel évoluent leurs enfants et de les orienter en conséquence.

B. Les défis associés au contrôle de l’âge sur Internet

  1. Difficultés rencontrées dans la vérification de l’âge des utilisateurs

La vérification de l’âge des utilisateurs sur Internet est un défi majeur pour garantir la protection des mineurs. De nombreuses plateformes en ligne requièrent des informations d’âge pour restreindre l’accès à certains contenus, mais la mise en œuvre efficace de ces contrôles est complexe. Parmi les principales difficultés rencontrées, on peut citer :

– L’absence de mécanismes fiables : Beaucoup de mécanismes de vérification d’âge sont basés sur l’honnêteté des utilisateurs, ce qui pose un problème. Les jeunes peuvent facilement falsifier leur date de naissance pour accéder à des contenus pour adultes ou à des plateformes inappropriées. Cela montre la nécessité de développer des systèmes plus robustes et fiables.

– La protection de la vie privée : Les méthodes de vérification de l’âge peuvent entraîner des préoccupations en matière de protection de la vie privée. Les solutions qui exigent des informations personnelles, telles que l’identité ou des documents d’identité, peuvent dissuader les utilisateurs de fournir les données nécessaires, surtout si ces informations sont sensibles. Les plateformes doivent donc trouver un équilibre entre la vérification de l’âge et la protection de la vie privée des utilisateurs, en évitant de collecter des données excessives ou inutiles.

– Les inégalités d’accès à la technologie : La capacité des jeunes à accéder à des outils de vérification d’âge varie selon les régions et les contextes socio-économiques. Dans certains cas, les enfants peuvent utiliser des dispositifs ou des réseaux qui ne sont pas soumis à des contrôles stricts, ce qui complique davantage la tâche des parents et des éducateurs.

– Les technologies en constante évolution : Les plateformes évoluent rapidement et adoptent de nouvelles technologies, rendant difficile la mise en place de systèmes de vérification d’âge cohérents. Les professionnels et les décideurs doivent rester vigilants face à ces évolutions pour adapter les réglementations et les recommandations en conséquence.

  1. Perspectives d’évolution des outils de contrôle et de protection

Face aux défis liés à la vérification de l’âge, plusieurs perspectives d’évolution des outils de contrôle et de protection des mineurs sur Internet se dessinent :

– Développement de technologies de vérification d’âge plus sécurisées : Les entreprises technologiques sont en train d’explorer des solutions innovantes pour la vérification d’âge qui respectent la vie privée des utilisateurs. Des approches telles que la vérification biométrique, qui utilise des caractéristiques physiques (comme les empreintes digitales ou la reconnaissance faciale), pourraient fournir des solutions plus sécurisées. Cependant, ces technologies soulèvent également des questions éthiques et de confidentialité qui doivent être prises en compte.

– Collaboration entre acteurs privés et publics : La coopération entre les gouvernements, les entreprises technologiques et les organisations de la société civile est essentielle pour développer des normes et des pratiques efficaces en matière de protection des mineurs en ligne. Des initiatives conjointes pourraient conduire à l’élaboration de protocoles de vérification d’âge standardisés et à la création d’un cadre réglementaire qui protège les jeunes tout en respectant les droits des utilisateurs.

– Promotion d’une culture numérique responsable : En parallèle des outils technologiques, il est crucial de promouvoir une culture numérique responsable. Cela implique d’éduquer les jeunes sur les enjeux de la sécurité en ligne et de leur donner les moyens de naviguer de manière autonome et informée. Les campagnes de sensibilisation peuvent jouer un rôle clé en informant les jeunes sur les dangers potentiels et en les incitant à adopter des comportements sûrs.

– Renforcement de la législation : Les législateurs doivent envisager des lois qui obligent les plateformes à mettre en place des mesures de protection spécifiques pour les mineurs. Cela peut inclure des exigences concernant la vérification d’âge, la gestion des données personnelles et la création de mécanismes de signalement pour les contenus inappropriés.

Une réglementation claire et adaptée peut aider à créer un environnement plus sûr pour les jeunes internautes.

–  Évaluation continue des pratiques : Les outils et les pratiques de protection doivent être régulièrement évalués pour s’assurer qu’ils restent efficaces face à l’évolution des technologies et des comportements en ligne. Cela nécessite une recherche continue et des mises à jour des recommandations basées sur les meilleures pratiques et les enseignements tirés des expériences passées.

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Sources :

  1. Conformité RGPD : comment recueillir le consentement des personnes ? | CNIL
  2. Les droits des personnes sur leurs données | CNIL
  3. Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (1). – Légifrance
  4. Recommandation 5 : promouvoir des outils de contrôle parental respectueux de la vie privée et de l’intérêt de l’enfant | CNIL
  5. Article 227-24 – Code pénal – Légifrance

Un prompt est-il protégeable ?

L’essor des intelligences artificielles génératives, telles que ChatGPT, MidJourney et DALL-E, a profondément transformé les domaines de la créativité, du droit et de l’éthique.
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À la base de ces technologies se trouvent les prompts, qui sont des instructions fournies par les utilisateurs pour guider l’IA dans la création de contenus variés : textes, images, musiques, et plus encore. Ces prompts, à la croisée de l’art et de la technique, soulèvent une interrogation cruciale concernant leur protection au titre du droit d’auteur.

Traditionnellement, le droit d’auteur repose sur deux exigences principales : l’originalité, qui exige que l’œuvre reflète la personnalité de son créateur, et la matérialité, qui stipule que l’œuvre doit être fixée sur un support tangible. Toutefois, les prompts se situent entre deux extrêmes.

D’un côté, on trouve des requêtes très simples, comme « Rédige un poème sur l’hiver », et de l’autre, des formulations plus complexes et stylistiquement riches. Cette dualité engendre un débat : certains considèrent les prompts comme des directives trop sommaires pour bénéficier d’une protection légale, tandis que d’autres les apparentent à des scripts ou des plans qui manifestent une créativité réelle.

Ce questionnement s’inscrit dans un cadre juridique en évolution rapide, souvent en retard par rapport aux avancées technologiques. Par exemple, l’Office américain du droit d’auteur a récemment établi que les œuvres générées par une IA, en l’absence d’intervention humaine tangible, ne peuvent être protégées. Cependant, la question de la protection des prompts demeure floue.


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En Europe, le droit d’auteur dispose qu’il doit y avoir « création intellectuelle propre à l’auteur », ouvrant ainsi une porte à la protection potentielle de certains prompts plus élaborés. Néanmoins, à ce jour, il n’existe pas de jurisprudence claire sur ce sujet. Les implications sont vastes : si les prompts venaient à être protégés, les créateurs pourraient réguler leur utilisation et monétiser leur savoir-faire dans le domaine de la création de contenus.

En revanche, une protection excessive pourrait nuire à l’innovation en restreignant l’accès à des formulations de langage considérées comme publiques. Ce dilemme, entre protection de l’innovation et liberté d’accès à la créativité, illustre les défis que le droit d’auteur doit relever à l’ère du numérique.

I. Les obstacles juridiques à la protection des prompts par le droit d’auteur

A. L’exigence d’originalité : un seuil difficile à atteindre pour les prompts

Le droit d’auteur, qu’il soit continental (Europe) ou de common law (États-Unis), repose sur un critère central : l’originalité. Cette notion, souvent interprétée comme l’« empreinte de la personnalité de l’auteur » CJUE, Arrêt Infopaq, 2009) ), exige que l’œuvre reflète des choix créatifs libres et individualisés. Or, la majorité des prompts, par leur nature concise et fonctionnelle, peinent à satisfaire ce critère.

  1. La simplicité des prompts génériques : Un prompt comme « Peins un paysage montagneux au coucher du soleil » est une instruction basique, dépourvue de singularité.

Il relève davantage d’une idée ou d’un concept que d’une expression artistique structurée. En droit français, les idées sont explicitement exclues de la protection (Article L112-1 CPI), et la jurisprudence a confirmé que des phrases trop brèves ou génériques (ex. slogans publicitaires) ne sont pas protégeables (Cass. Civ. 1ère, 2005, Eva Promotion).

Aux États-Unis, le Copyright Act exige une « créativité minimale » (Feist Publications v. Rural Telephone Service, 1991), un seuil que les prompts courts ne franchissent souvent pas.

  1. La frontière entre idée et expression : Le droit d’auteur ne protège que l’expression concrète d’une idée, non l’idée elle-même (idée-expression dichotomy).

Un prompt comme « Écris une histoire d’amour tragique entre une astronaute et un robot » pourrait être considéré comme une idée narrative, surtout s’il est formulé de manière générique. En revanche, un prompt détaillant des dialogues, des descriptions de personnages et des rebondissements pourrait franchir la barrière de l’expression. Cette distinction est cruciale : si un tribunal juge qu’un prompt ne fait que décrire un concept, il sera irrecevable à la protection.

  1. Comparaison avec les œuvres minimalistes :

Les titres d’œuvres (« Les Misérables »), les noms de produits (« iPhone ») ou les slogans (« Just do it ») sont rarement protégés, sauf s’ils démontrent une originalité exceptionnelle (ex. « Le Silence des Agneaux », protégé en France pour son caractère poétique). Les prompts courts s’apparentent à ces catégories : leur brièveté limite leur capacité à incarner une « création intellectuelle propre » (Directive UE 2019/790).

B. L’absence de fixation claire et la nature éphémère de certains prompts

Le droit d’auteur exige généralement que l’œuvre soit fixée sur un support tangible. Cette exigence varie selon les systèmes juridiques : stricte aux États-Unis (17 U.S.C. § 102), plus flexible en Europe (où les œuvres orales ou improvisées peuvent être protégées si elles sont ultérieurement fixées).

  1. Les prompts non enregistrés ou oraux :

Un prompt donné oralement à une IA (ex. commande vocale à Siri ou Alexa) et non sauvegardé échappe à la protection, car il n’est pas fixé. Même dans les pays où la fixation n’est pas obligatoire (ex. France), l’absence de preuve matérielle rend la revendication de droits quasi impossible. En pratique, cela exclut une grande partie des interactions quotidiennes avec les IA.

  1. Les défis de la preuve d’antériorité :

Même lorsqu’un prompt est écrit, prouver sa paternité et sa date de création est complexe. Contrairement aux œuvres traditionnelles (dépôt chez un notaire, enveloppe Soleau), les prompts circulent souvent dans des espaces numériques non sécurisés.

Des outils comme la blockchain émergent pour timbrer des créations, mais leur usage reste marginal. Sans preuve solide, un créateur ne peut invoquer ses droits face à une copie ou une réutilisation frauduleuse.

  1. Le cas des œuvres éphémères :

La jurisprudence offre quelques parallèles. Par exemple, un discours improvisé est protégé dès lors qu’il est enregistré. De même, une chorégraphie non notée mais filmée peut être couverte par le droit d’auteur. Toutefois, ces exceptions concernent des œuvres a posteriori fixées, alors que de nombreux prompts disparaissent après leur exécution par l’IA, sans trace intentionnelle.

II. Les possibilités de protection : quand le prompt devient une œuvre de l’esprit

A. La qualification des prompts complexes comme œuvres littéraires ou techniques

Certains prompts atteignent un niveau de sophistication tel qu’ils pourraient être requalifiés en œuvres protégeables, sous deux angles principaux : littéraire ou technique.

  1. Les prompts littéraires élaborés :

Un prompt structuré comme un scénario, avec des personnages, des dialogues et des arcs narratifs détaillés, peut être assimilé à une œuvre littéraire. Par exemple : « Rédige un chapitre de roman dans le style de Victor Hugo, décrivant un orage sur Paris en 1830, où un jeune révolutionnaire, blessé, se réfugie dans une église et y rencontre une religieuse aux secrets troublants. Inclure des métaphores liées à la lumière et à l’eau, et un monologue intérieur sur la rédemption. » Ce prompt dépasse l’instruction basique : il inclut des choix stylistiques, des éléments narratifs complexes et une intention artistique.

En droit européen, une telle création pourrait satisfaire l’exigence d’« œuvre de l’esprit » (CJUE, Painer, 2011), car il reflète une individualisation manifeste.

  1. Les prompts techniques comme logiciels ou bases de données :

Certains prompts s’apparentent à des algorithmes ou des scripts, notamment lorsqu’ils utilisent des structures conditionnelles (« Si l’utilisateur mentionne X, alors génère Y ; sinon, utilise Z »). Aux États-Unis, les codes informatiques sont protégés par le droit d’auteur (17 U.S.C. § 101), et un prompt complexe pourrait être vu comme un « code naturel » (instructions en langage courant mais structurées logiquement).

De même, en Europe, une suite organisée de prompts guidant une IA pas à pas pourrait être qualifiée de base de données protégeable (Directive 96/9/CE), si elle reflète un investissement substantiel.

B. L’interprétation variable selon les juridictions et les cas d’usage

La protection des prompts dépend largement du cadre juridique et de l’intention derrière leur création.

  1. États-Unis vs. Europe : deux approches contrastées :

– Aux États-Unis, le fair use (usage équitable) et la doctrine des scènes à faire (éléments indispensables à un genre) limitent la protection des œuvres minimalistes. Un prompt comme « Décris une bataille spatiale entre vaisseaux aliens » pourrait être considéré comme trop générique pour être protégé, car relevant d’idées communes.

En Europe, la protection est plus large : tout élément reflétant une « création intellectuelle propre » est éligible (CJUE, Football Dataco, 2012).

Un prompt détaillé intégrant des références culturelles précises (ex. « Peins une scène inspirée de la mythologie grecque, où Athéna discute avec un robot, dans un style cubiste ») pourrait être protégé, car il combine originalité et fixation.

  1. L’intention créative comme critère clé :

Les tribunaux pourraient distinguer les prompts utilitaires (ex. « Génère un résumé de cet article ») des prompts artistiques (ex. « Écris un poème en alexandrins sur la mélancolie des robots amoureux »). Dans le second cas, l’intention de créer une œuvre expressive est évidente, renforçant la revendication de droits. Cette distinction existe déjà en droit français, où les œuvres « utilitaires » (ex. manuels techniques) sont protégées, mais sous un régime parfois différent des œuvres artistiques.

  1. Jurisprudences pionnières et dépôts de copyright :

Bien qu’encore rares, des cas émergent. En 2023, l’Office américain du droit d’auteur (USCO) a refusé la protection d’une image générée par MidJourney, mais a laissé ouverte la possibilité de protéger le prompt si celui-ci est suffisamment créatif.

Parallèlement, des plateformes comme PromptBase commercialisent des prompts élaborés, invitant à une reconnaissance implicite de leur valeur juridique. À terme, un litige opposant un créateur de prompts à un utilisateur les copiant massivement pourrait clarifier le paysage.

La protection des prompts sous le droit d’auteur repose sur un équilibre délicat :

– Pour les obstacles : La nature fonctionnelle, la brièveté et les défis de fixation rendent la protection difficile pour la majorité des prompts.

– Pour les possibilités : Les prompts complexes, combinant créativité littéraire ou technique, pourraient franchir les seuils juridiques, surtout dans des systèmes ouverts comme l’Europe.

Cette dualité reflète un débat plus large sur la place de l’humain dans la création assistée par IA. Si le droit évolue vers une reconnaissance accrue des prompts créatifs, cela pourrait redéfinir les notions d’auteur, d’originalité et de collaboration homme-machine.

À l’inverse, un refus catégorique de protection risquerait de décourager l’innovation, en privant les créateurs de moyens de contrôler leurs contributions immatérielles mais essentielles.

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Sources :

  1. https://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=118441&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=2103769
  2. Directive – 2019/790 – EN – directive droit d’auteur – EUR-Lex
  3. Droit d’auteur et oeuvres orales – Frédéric Lejeune
  4. https://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=82078&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=2122067
  5. https://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=124197&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=2130197